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Sommaire

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Oneshots
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Joyeux anniversaire 1-2

Le Duo
[En cours]
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20
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Croire en lui [En cours]
prologue

Fais-le moi payer
[En pause]
1-2-3-4-5-6

Gigolo
[En pause]
1-2-3-4

Vendredi 29 juin 5 29 /06 /Juin 02:02

      - Désolé si je te dérange.

      - Non ça va. J’ai presque fini. C’est déjà prêt ?

      - Déjà ? Ca fait 1h30 que je t’attends.

Gabriel éclata de rire en voyant l’air consterné de Samuel. Il rigolait décidément beaucoup avec lui.

      - T’aurais dû venir me chercher. J’ai pas la notion du temps une fois un pinceau dans la main.

Il était décidément trop mignon.

      - Quoi ? demanda Samuel en rougissant légèrement. J’ai quelque chose sur le visage ?

      -  Non. T’es juste trop mignon.

Samuel rougit encore plus, peu habitué aux compliments. On ne le regardait ou remarquait que très rarement. Il se leva vivement, essayant de cacher ses rougissements.

      - Tu as fait quoi ?

      - Frites et poulet.

      - Ca fait longtemps que je n’en ai pas mangé !

      - Tu fais régime ou quoi ?

      - Hein ? Jamais ! Je grossis pas mais je perds très vite. Suffit que je mange un repas par jour pendant 1 semaine pour perdre 2 ou 3 kilos. Et j’étais très préoccupé par mes peintures ce mois-ci alors j’ai pas pensé à manger tous les jours.

      - T’as pas faim ? demanda Gabriel, horrifié.

      - Oh que si !

Il se mit à table et attendit que Gabriel le serve.

      - Alors là mon pote, tu peux être sûr que tu vas prendre du poids avec moi.

      - Avec toi ?

      - Ben oui, aujourd’hui et demain et après-demain et ainsi de suite pendant 2 semaines.

      - Tu verras pas ton chéri ?

Samuel avait dit cette phrase pour faire croire à Gabriel qu’il s’intéressait à son fameux chéri. A vrai dire, il était jaloux mais n’avait pourtant pas envie de renoncer à cette toute nouvelle amitié.

      - Je te l’ai dit plus tôt, il est en Espagne.

      - Ah ? Il y habite ?

      - Non, il est parti hier matin. Il y va plus tôt que moi pour voir ses parents et les préparer à mon arrivée.

Samuel hocha la tête et prit l’assiette que lui tendait Gabriel. Tout n’était peut-être pas perdu pour lui. Il aurait deux semaines pour séduire Gabriel.

 

« Au fond de moi, je me sentais affreusement mal. Mal d’essayer de détruire un couple d’aussi longue date. D’autant plus que son compagnon était parti préparé ses parents pour la futur rencontre. Pourtant, mon amour pour Gabriel et le désir qu’il faisait naître en moi écrasaient tous sur leur passage. La morale m’importait peu. Il n’y avait que moi qui comptais. Moi et mes sentiments. Avec plus de recul, j’aurais compris qu’il m’était interdit de faire ça. J’aurais compris que j’allais détruire quelqu’un. L’égoïsme qui m’habitait alors avait failli tuer quelqu’un… »

 

Les deux semaines passèrent très vite. Samuel allait tous les jours chez Gabriel. Ils s’étaient énormément rapprochés et étaient maintenant à la veille du fameux départ. Le peintre était désespéré. Il ne savait plus trop quoi faire pour le retenir. Il ne fallait pas qu’il parte. Qu’il l’abandonne. A cette idée, Samuel se mit à pleurer brusquement. Son compagnon s’en inquiéta. Ils étaient en train de parler nourriture. Etait-ce ce qui le chagrinait ?

      - Hey, qu’est-ce qu’il y a ?

      - Je…rien…c’est parler de bouffe qui me…tu vois quoi !

      - Te fous pas de moi mon petit cœur.

Les sanglots de Samuel redoublèrent à l’entente de ce surnom. Gabriel le lui avait donné 2 jours plutôt. Ils se considéraient maintenant comme meilleur ami et se disaient tout ou presque. Ainsi, Gabriel le surnommait petit cœur alors que Samuel l’appelait mon ange. C’était assez ambigüe mais ça leur convenait assez bien.

      - Qu’est-ce qu’il y a Samuel ? Pourquoi tu pleures comme ça ! J’aime pas te voir pleurer. Je tiens beaucoup beaucoup à toi et ça me fend le cœur de te voir ainsi !

      - …

      - Dis-moi ! Je t’en prie !

      - Je… veux… pas que tu partes !

      - Quoi ? Mais c’est juste pour deux mois ! T’en fais pas, je t’oublierai pas. Je t’appellerai tous les jours !

Samuel se mordilla la lèvre inférieure et souffla, en essayant de retenir un autre sanglot, que Gabriel ne comprenait pas.

     - Qu’est-ce que je comprends pas ?

     - Je… je…

La voix du brun s’étrangla et aucun mot compréhensible ne sortit. Comprenant qu’il n’arriverait pas à le dire clairement, Samuel prit la décision de l’exprimer autrement. Il se leva et se mit à califourchon sur Gabriel.

      - Petit cœur ? Tu fais…

Il fut coupé par les lèvres du brun sur les siennes. Il agrandit ses yeux, surpris du geste de celui qu’il considérait à présent comme son meilleur ami. Il repoussa gentiment Samuel et le regarda. Il n’osait pas parler. Il ne savait pas quoi dire. Ils restèrent dans la même position quelques minutes. Finalement, Samuel retrouva la parole.

      - Je t’aime.

      - Que…

      - Je vais parler, mais tu dois me laisser finir sans m’interrompre. Sinon, je saurais plus où me mettre…

Gabriel hocha la tête.

      - Je... Il y a deux semaines, lorsque je t’ai rencontré, j’ai eu un coup de foudre. C’est stupide… Je crois habituellement pas à ce genre de choses mais ça m’est tombé dessus comme ça. Je savais pas trop ce que c’était au début. Je savais pas trop pourquoi j’avais eu mal lorsque tu m’avais dit que tu avais un chéri depuis trois ans. Je savais pas pourquoi je rougissais lorsque tu me fixais ou pourquoi mon cœur battait la chamade lorsque tu étais près de moi. Lorsque tu m’as proposé d’aller chez toi, j’ai été tellement content que mes mains en tremblaient. Et j’ai finalement réalisé. Lorsque tu m’as donné mon assiette avec un air horrifié collé au visage, j’ai eu une pensée bizarre. Rien de sexuel, je te rassure mais j’ai eu une pensée bizarre. Et j’ai compris que je t’aimais. Et là, demain tu pars…

Samuel pencha sa tête et appuya son front contre celui de son ange en fermant les yeux.

      - Tu pars et tu vas me laisser ici. Tu vas être heureux avec ton Raphaël. Et je suis jaloux. Parce que lui, tu l’aimes comme je voudrais que tu m’aimes moi. Pas en tant que meilleur ami mais en tant qu’amoureux, en tant que personne avec qui passer le reste de ta vie. Ces deux dernières semaines, on a tout le temps été ensemble et j’ai eu cette impression. Mais le rêve est fini. Demain matin, je vais me réveiller d’un rêve de deux semaines. J’aurais tellement aimé pouvoir dormir encore un peu…

Le silence s’installa. Gabriel s’apprêta à parler mais fut arrêter par Samuel.

      - Je pouvais pas te laisser partir sans te le dire. Je pouvais pas me réveiller sans te l’avoir dit. Je t’aime…mon ange.

Il effleura de ses lèvres celles du blond, caressant en même temps ses cheveux. Ses beaux cheveux blonds… Ses doux cheveux blonds. Il s’écarta finalement et fixa Gabriel, attendant sa réponse.

      - Embrasse-moi… souffla Gabriel.

      - Quoi ?

      - Embrasse-moi, répéta-t-il. Je veux pas que tu sois triste mon petit cœur alors si être dans mes bras te rends heureux, embrasse-moi.

Une larme de joie coula le long de la joue du brun. Peut-être que tout s’arrangerait pour lui finalement.

Il ne se fit pas attendre plus longtemps et embrassa Gabriel. Il caressa doucement de sa langue les lèvres offertes et les mordillait de temps en temps. Un frisson parcourut son corps lorsqu’il sentit les mains de son amant lui caresser le dos. Samuel approfondit soudain le baiser, désireux d’en obtenir plus. Il chercha avidement la langue de son amant, et commença une danse sans fin avec elle.

Gabriel avait peu à peu descendu ses mains et c’était mis à caresser doucement les fesses du peintre. Samuel ondulait légèrement, frottant légèrement son bassin contre celui du brun. Ils étaient de plus en plus excités et se le montraient.

Le collectionneur de papillon lâcha la bouche de son amant et embrassa tantôt la mâchoire, tantôt le cou avant de se concentrer uniquement sur le cou. Il y faisait des baisers papillons et lécha tendrement la veine qui était ressorti sous l’afflux du plaisir. Samuel n’arrivait plus à retenir ses gémissement.

Une des mains de Gabriel vint effleurer le sexe du peintre.

      - Ga… briel…

      - Hmmm ?

      - T’es sûr de vouloir…Enfin je…

      - Hmmm ?

      - Je l’ai jamais fait…

Gabriel arrêta ses caresses et regarda Samuel dans les yeux.

     - Tu me fais confiance ?

        - Oui…

        - Alors fais-moi confiance quand je te dis que je vais te faire passer la plus belle nuit de ta vie.

Il avait déboutonné lentement le jean du brun tout en lui parlant. Il pouvait enfin caresser la verge tendu de son amant. Il la prit à pleines mains et se mit à masturber énergiquement mais tendrement le brun. Samuel se cambra et haleta. Un bien-être fou l’envahissait. Il ne pensait plus qu’à une chose. Il voulait jouir. Il voulait que Gabriel le fasse jouir. Il se mit à gémir sans retenu en sentant le sexe de Gabriel contre ses fesses.

      - J’ai… envie que tu me prennes ! articula Samuel entre deux gémissements.

      - Tu es sûr ?

      - Oui, gémit Samuel, maintenant !

 

« Je passai en effet la plus belle nuit de ma vie. Il me fit jouir comme jamais. On fit l’amour deux ou trois fois avant de s’écrouler dans les bras l’un de l’autre fatigué, mais heureux pour moi. Je déchantai à une vitesse fulgurante. Mon doux rêve était fini… »

 

Lorsque Samuel se réveilla le lendemain, il était seul et nu sur le canapé. Il essaya de se lever mais eut du mal. Gabriel n’y était pas allé de main morte mais en même temps, il l’avait lui-même bien encourager. Il grimaça et se pencha pour ramasser son boxer.

      -  Tu as mal ?

Il sursauta et se retourna. Il sourit en voyant Gabriel.

      - Un peu oui.

      - Ecoute Samuel… Hier soir, c’était une erreur.

Les mots prirent un moment avant d’arriver jusqu’au cerveau de Samuel. C’est alors qu’il remarqua la valise que tenait Gabriel.

      - Pardon ? Tu… peux répéter ?

      - C’était une erreur entre nous deux hier soir. J’ai un copain, je l’aime et il va me présenter ses parents dans quelques jours.

Ce fut comme un énorme coup de poing pour Samuel. Il se sentait tout à coup sale, humilié, honteux. Il avait l’impression d’avoir été une pute. Une pute ayant assouvie les pulsions de son soi-disant meilleur ami.

Il mit machinalement son boxer,  s’approcha du blond et porta sa main à sa joue.

      - C’est une blague ? C’est ça ? Je me disais aussi. Mon ange ne…

      - C’est pas une blague Samuel !

Le peintre arrêta sa caresse pour le gifler. Le fait que son ancien amant lui dise ça comme s’il annonçait qu’il avait jeté un vieux T-shirt l’énervait.

      - Je l’ai mérité…

      - Tu l’as mérité ? C’est tout ce que tu trouves à me dire ? T’as joué avec moi, merde ! Tu devrais avoir autre chose à me dire ! Tu devrais au moins avoir le bon sens de changer de ton, de paraître désolé.

Samuel le frappa encore une fois au visage et se mit à hurler.

      - JE SUIS PAS UN PUTAIN DE JOUET !

 

« J’étais vraiment en colère. Contre moi et contre lui. Il avait joué avec moi et j’avais joué avec le feu. Je savais que tout n’était pas que de sa faute mais je ne voulais rien entendre. Après l’avoir giflé autant que je le pouvais, je me mis à dévaster la maison, déchirant, écrivant sur les murs à quel point je le détestais. J’étais hors de moi. Il partit quand même, me laissant faire, me demandant d’épargner sa collection. Je fus tenter de la détruire mais me retint. Je n’accepterai pas qu’on détruise mes tableaux. Je finis par quitter la maison et rentrai chez moi, dans un état second. Commença alors un long mois de laisser aller. Je ne mangeais que rarement, je ne parlais plus à Betty, je ne peignais plus. Je me laissais en quelque sorte mourir, ressassant les mêmes questions. C’est en regardant la télé que la réponse m’apparu. Je ne pouvais rien y faire. C’était le destin. Ce n’était pas en me laissant dépérir que mon cœur allait guérir, que mon ange reviendrait. Je décidai alors d’appeler Boop et elle me fut d’une grande aide. Après lui avoir raconté toute l’histoire, elle me conseilla précieusement et m’aida à remonter la pente. »

 

      - Hey, chouchou ! Y a le directeur de ta future école qui voudrait savoir comment s’appelle ton tableau ! Il veut l’exposer.

      - Gabriel.

      - Pourquoi tu parles de lui tout à coup.

Samuel rigola et la regarda comme si elle était empotée.

      - Non, Gabriel, c’est le nom du tableau.

      - Ah d’accord !

Elle transmit le message et raccrocha le téléphone.

      - Pourquoi tu l’appelles comme ça ton tableau ? Ca te rappelle pas de mauvais souvenir ?

      - Non… Tu vois, j’ai réfléchi, et j’ai compris que ce n’était pas de sa faute. C’est moi qui me suis jeté sur lui la veille de son départ. Et puis, si ça a permis à son Raphaël de ne pas souffrir comme je l’ai fait, tant mieux.

      - T’es maso ma parole ! Bon, allez chouchou, j’y vais. Je vais me préparer pour mon concert.

      - Bisous Boop !

Il se remit à sa peinture, ne se préoccupant pas plus que ça de ce qu’il se passait à l’entrée. A vrai dire, son expérience lui avait permis de reprendre goût à la peinture. Il aimait encore plus qu’avant.

      - Samuel ?

Le peintre se figea. Il avait cru entendre la voix de Gabriel. Il se moqua de lui-même et se remit à sa peinture.

      - T’es encore là Boop ? Tu vas pas être en retard ?

      - Ce n’est pas Boop.

Non. Là, il n’avait pas rêvé. C’était bien la voix de Gabriel. Il se retourna et le vit. Il était encore plus beau qu’avant. Il avait bronzé.


      - Gabriel… Comment t’es entré ?

      - C’est une fille black qui sortait qui m’a fait entré. En fait, elle savait apparemment qui j’étais et a pas manqué de me gifler.

Samuel se mit à rire.

      - C’est une impulsive, tu l’excuseras. Qu’est-ce qui t’amènes ici ?

      - En fait, c’est fini entre Raphaël et moi.

      - Ca valait bien la peine que je souffre, hein !

Samuel se retourna et se remit à peindre, essayant de cacher ainsi son émotion. Il mourait d’envie de l’embrasser et de le gifler à nouveau.

      - Je suis désolé.

      - C’est bon.

      - C’est moi qui l’ai quitté. Il y a une semaine.

      - Pourquoi tu l’as quitté ? T’es stupide ma parole !

      - Je l’ai trompé.

      - T’es vraiment con ! Tu l’as quitté parce que tu l’as trompé ? Mais tu t’entends parler ? Tu crois que c’est une raison valable ? Il t’aurait sûrement pardonné !

      - Moi je me serais pas pardonné de tromper la personne que j’aime plus que tout au monde !

      - Mais tu l’aurais pas refait, merde ! T’es quoi ? Une queue sur pattes ?

      - C’est pas ça. Tu comprends pas !

      - JE COMPRENDS PAS QUOI BORDEL ! TU M’AS BOUSILLE IL Y A 1 MOIS ! TU M’AS DETRUIT ! SI J’EN AVAIS EU LE COURAGE, J’AURAIS REJOINS LE PARADIS DES ARTISTES ! LA SEULE CHOSE QUI ME PERMETTAIT DE PAS DEVENIR FOU ETAIT LE FAIT QUE TU ETAIS AU MOINS HEUREUX AVEC TON PUTAIN DE MEC ET LA, TU REVIENS COMME UNE FLEUR ET TU M’ANNONCES QUE T’AS CASSE AVEC LUI PARCE QUE TU AS PEUR DE LE RETROMPER !

      - J’ai pas dit ça Samuel ! Laisse-moi parler au moins !

Samuel tremblait de rage et de tristesse. Son pseudo-sacrifice avait été vain. Il était à deux doigts de fondre en larmes.

      - Je l’ai quitté parce que je ne voulais pas tromper la personne que j’aime le plus au monde. Mon âme-sœur, celui pour qui je crèverai, pour qui je me suiciderai. C’est toi Samuel… C’est toi mon âme-sœur.

Les jambes du peintre ne le tenaient plus. Il tomba à terre et se mit à pleurer de joie. Il était heureux d’avoir retrouvé son ange, son cœur.

 

«  Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Noah, l’enfant de Boop. Mon filleul. Et aujourd’hui est aussi notre anniversaire de mariage. 9 ans est passé depuis qu’il m’a juré fidélité. 9 ans de bonheur. Cela n’a pas été facile tous les jours. Il a failli m’anéantir plus d’une fois sans s’en rendre compte mais je tiens bon. L’amour qu’il me témoigne suffit à effacer ses erreurs… »

Publié dans : Oneshots - Par Raewon
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Jeudi 28 juin 4 28 /06 /Juin 21:12

      - Non, non, non et non !

      - Mais…Samuel ! Tu l’as repeint plus de 10 fois ce tableau ! Je ne comprends pas ce que tu lui reproches ! Il est parfait. Pour être franche, je n’en avais jamais vu de si beau depuis… une éternité. Il dépeint parfaitement la réalité et il dégage quelque chose de tellement… magnifique ! Et puis, même s’il n’est pas parfait ce fichu tableau, on s’en fout ! Tu sais très bien que c’est juste pour faire semblant ce « tableau d’admission ». C’est le directeur même qui te l’as dit ! T’es l’élève le plus doué qu’il ait eu depuis une dizaine d’année !

Le dénommé Samuel soupira et passa une main lasse sur son visage. Elle ne voyait définitivement pas les choses de la même manière que lui.

      - Betty…Tu me connais assez bien pour savoir que jamais je ne donnerai un travail imparfait à mes yeux à un quelqu’un. Je ne sais pas ce que tu vois sur ce tableau, mais ce n’est pas la même chose que moi. Il est fade…Tout simplement fade. Il manque de vie. Il est, certes, très réaliste mais tellement… vide.

      - Sam…Tu ne vas pas le refaire 10 fois quand même !

      - S’il le faut, oui Boop.

      - D’accord, d’accord ! Je te laisse t’y mettre alors. Je reviendrai ce soir voir où ça en est.

 

« Ce jour-là, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’avais un tableau à peindre pour ma qualification dans une des plus prestigieuses écoles d’arts du pays. Un paysage. Je n’étais pas stressé car je savais que tout était joué d’avance. Un Génie. C’est ainsi qu’ils me qualifiaient. Je ne voyais pas les choses sous le même angle à l’époque. Je me voyais uniquement comme un vulgaire peintre suivant la destinée que ses parents avaient voulu lui donner. A l’âge de 3 ans, on m’avait mis un pinceau dans la main et dit : Peins. Je l’avais fait. A 6 ans, je dessinais déjà très bien et on m’avait inscrit dans des cours particuliers. Le mot d’ordre de l’époque avait été : Perfectionne-toi. Je l’avais fait. A 12 ans, j’étais capable de reproduire n’importe quoi à la perfection. Les détails y étaient mais pas la technique. On m’avait alors sommé de faire preuve de plus de rigueur. Je l’avais fait. J’avais 24 ans. J’avais passé ma vie à peindre et j’en étais las. J’aurais tellement aimé  pouvoir faire une pause mais on en attendait tant de moi. Même Betty, ma meilleure amie, ne voyait pas la lassitude qui m’envahissait petit à petit. Ma seule motivation était le fait de dépeindre mes émotions à travers mes peintures. En soi, je n’aimais pas la peinture, j’avais passé ma vie à peindre... »

 

Samuel prit son attirail, le mit avec soin dans sa voiture et se dirigea vers la sortie de la ville. Il y avait un coin pas mal dans les environs. Un lac, des arbres. Tout ce qu’il fallait pour réaliser un beau paysage. Comme tous les jours depuis 3 longs mois, il s’installa au bord du lac et peignit ce qu’il voyait. Ni plus ni moins que ce qu’il avait sous les yeux. C’était ça le problème. Il ne peignait que ce qu’il voyait. Aucune touche personnelle. Aussi minime soit-elle.

 

« J’étais prêt à abandonner. A faire ce que Boop m’avait conseillé. Aller à l’encontre de mes principes. Je n’en pouvais plus de refaire sans cesse le même paysage. De le refaire sans savoir quoi rajouter pour le rendre parfait, pour enlever toute cette banalité. C’est là qu’il m’est apparu. Il est arrivé tel un ange descendant du ciel. Vous allez sans doute trouver ça bizarre et stupide mais ça a été mes sentiments exacts quelques temps après. Un ange venant ranimer ma passion pour la peinture. Une passion pratiquement éteinte. »

 

Samuel était affairé à peindre depuis déjà 3 heures et le soleil ne l’aidait pas vraiment.

      -  Oh mon Dieu ! Ne bougez surtout pas !

Samuel sursauta légèrement et se retourna, cherchant des yeux la personne lui ayant parlé.

      -  Oh non !  Vous l’avez fait fuir.

Un jeune homme se tenait sur sa droite. Il était visiblement déçu que ce quelque chose ai fuit.

- Il y avait un magnifique monarque sur votre épaule !

Le nouveau venu lui sourit avant de reprendre.

- Un papillon.

Samuel était subjugué par l’inconnu. Magnifique… C’était la seule manière qu’il pouvait trouver pour le décrire. Des cheveux blonds encadraient un visage ovale. Des yeux couleur indigo le fixaient et une bouche aux lèvres rosées lui souriait.

L’inconnu s’avança et lui tendit une main.

      -  Je m’appelle Gabriel.

 

« Ca lui allait tellement bien. Gabriel. L’ange Gabriel. Mon ange. J’étais tellement pris dans ma contemplation que je n’avais pas remarqué qu’il venait de se présenter. »

 

      - Allô la Terre appelle la Lune…

      - Pardon ?

Samuel venait enfin de se reconnecter au monde réel.

      - Oh rien. Je viens de me prendre un méchant vent mais c’est pas grave.

      - Désolé ! Je pensais à autre chose ! Vous disiez ?

      - Pas la peine de me vouvoyer. On doit avoir le même âge.

      - Vous…tu as quel âge ?

      - 25 ans. Et je m’appelle Gabriel.

Gabriel lui tendit encore sa main et lui sourit chaleureusement.

      - Samuel, répondit le jeune peintre, serrant la main tendue.

      - Ca fait longtemps que je t’observe peindre. Comme c’est le printemps, il y a beaucoup de papillons alors je viens aussi souvent que je peux. Mais bon, dans deux semaines on sera en juillet et je vais aller rejoindre mon chéri en Espagne.

Une pointe de jalousie picota le cœur de Samuel. Mon chéri.

      - Ton chéri… murmura Samuel pour lui-même.

      - Oui ! Il s’appelle Raphaël ! Dans un mois, ça fera 3 ans qu’on est ensemble alors je compte bien fêter ça !

Cette fois-ci, une douleur lancinante pris place dans le cœur du peintre. 3 ans.

 

«  Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Je venais à peine de le rencontrer. On s’était échangé une dizaine de répliques. Après son départ, je me suis répété en boucle ces questions : Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi  moi ?

J’évitais de sortir, j’évitais Boop, j’évitais de peindre. En clair, j’évitais de vivre. Je me tuais mentalement à petit feu. Je savais que tant qu’aucune réponse n’aura été formulée, mon état ne changerait pas et pourtant, je n’essayais pas de faire évoluer les choses. Je restais là me morfondre et à me plaindre. Un jour, la réponse m’apparue, comme un flash. Le destin. C’était le destin qui avait voulu que les choses soient ainsi.

Je me remis alors à peindre et recommençai à vivre, essayant d’oublier cet amour impossible. »

 

      - Félicitations ! dit Samuel, sans vraie conviction.

Gabriel le remarqua mais ne dit rien. Il détourna le regard et posa son regard sur le tableau peint.

      - Wouaw ! Il est réussi !

      - Tu trouves ?

      - Oui ! Pour être réussi, il est. Mais il manque quelque chose. Avec ce quelque chose, ça rendrait le tout un peu moins fade.

Samuel le regarda et le dévisagea sans s’en rendre compte. C’était la première personne qui s’en rendait compte. Le tableau était fade sans ce quelque chose. Mais quoi ?

      - J’espère que tu le prends pas mal. Je ne suis pas un expert en la matière après tout. Je peux raconter n’importe quoi.

Le peintre grimaça et se retourna, fixant son attention sur le tableau.

      - Non, tu as raison. C’est d’ailleurs pour ça que je repeints la même chose depuis trois mois. J’en ai marre. Je vais livrer ça comme ça. Boop a raison. De toute façon, je suis déjà admis dans cette grande école. On y verra que du feu.

Il soupira et reprit son pinceau. Gabriel s’approcha doucement et se pencha par-dessus son épaule. Des frissons parcoururent l’échine de Samuel lorsqu’il sentit le souffle du blond sur son cou. Il essaya tant bien que mal de dissimuler les tremblements qui s’étaient emparés de sa main.

      - Oui mais à ce moment-là, c’est ton intégrité que tu bafoues. Tu dois peindre depuis un bon bout de temps pour réaliser de telles peintures.

      - Ca fait 21 ans, répondit Samuel, la voix légèrement tremblante.

      - Raison de plus. Tu dois adorer ça et ce serait bête de livrer quelque chose d’imparfait à tes yeux.

Samuel était de plus en plus surpris par le jeune homme. Gabriel mettait les mots exacts sur tout ce qu’il n’arrivait pas à exprimer.

      - C’est ça le problème. Je ne sais plus si j’aime ça. Tu te rends compte que j’ai peint presque tous les jours depuis vingt-et-une années ? Si je n’avais pas eu ma Boop, je ne sais même pas si j’aurais pu supporter de ne faire que ça. La peinture, c’est ma vie. C’est un couteau à double tranchant. Je ne peux pas arrêter sous peine de décevoir mon entourage et de me décevoir moi-même, mais en même temps, je suffoque.

Samuel baissa la tête, honteux d’avouer ce genre de choses à un total inconnu.

 

« Inconnu, oui, mais inconnu dont j’étais amoureux.  Je n’avais jamais cru au coup de foudre et pourtant, j’en avais été victime au moment le plus inattendu. C’était bizarre pour moi. C’était la première fois que j’aimais autant. Il était tout ce que j’attendais de quelqu’un. Gentil, drôle et agréable. Il avait un calme à toute épreuve. Ainsi, ce fameux soir, lorsque qu’il m’annonça le plus calmement du monde que c’était une erreur, j’entrai dans une colère monstrueuse, le frappant et dévastant sa maison au passage. C’était le seul moyen que j’avais trouvé pour exprimer ma peine, les larmes ne voulant définitivement pas couler. »

 

Gabriel tourna la tête et  détailla Samuel. Ce dernier avait de beaux yeux gris en amande et une peau bronzée. Ses cheveux noirs lui cachaient une bonne partie du visage.

Sans s’en rendre compte, Gabriel porta la main à ces cheveux noirs et poussa la mèche qui tombait sur l’œil gauche du peintre. Il sourit tendrement en remarquant la rougeur qui s’installait sur les joues de son camarade.

      - Cette… Boop. Qui est-ce ?

Samuel était surpris.

      - Pourquoi ?

      - Tu as l’air de beaucoup l’apprécier alors je sais pas. Je demande.

      - En fait, elle s’appelle Betty mais je la surnomme Boop. C’est ma meilleure amie. Mon moi féminin.

Intérieurement Gabriel poussa un soupir de soulagement. Et après coup, il se sentit mal de l’avoir fait. Raphaël lui était très précieux…Certes Samuel avait de beaux cheveux, des yeux magnifiques, une peau mâte à priori très douce, un sourire à tomber par terre, des mains fines…

      - Je ne trouve vraiment pas quoi ajouter.

      - Quoi ?

Gabriel avait complètement déconnecté de la réalité, trop occupé à faire des éloges à chaque partie du corps du peintre.

      - Sur le tableau. Je sais que c’est un petit détail mais j’arrive pas à mettre la main dessus.

      - Des papillons.

      - Des papillons ?

      - Oui ! Ils représentent la vie et font partis de la nature. Ils sont discrets et attirent en même temps toute l’attention de ceux qui les regardent.

      - Tu as raison…Mais j’ai l’habitude de peindre en fonction de ce que je vois et là, il n’y en a pas.

      - T’as qu’à venir chez moi ! J’en collectionne.

Face au sourire qu’affichait Gabriel, Samuel ne put s’empêcher de refuser.

 

« J’aurais dû pourtant.  Bien des désagréments auraient été évités. »

 

Samuel rangea ses affaires dans sa voiture et suivit Gabriel jusqu’à chez lui. Une grande maison avec jardin. Un haut grillage protégeait l’accès à la demeure. Des fleurs ornaient les bords de l’allée et des colonnes sculptées dans ce qui semblaient être du marbre agrémentaient le perron. Le brun en était bouche bée. Comment pouvait-on vivre dans un tel endroit ? Ou plutôt, comment un tel endroit pouvait-il encore exister ?

Samuel posait un regard admiratif sur tout ce qui captait son regard.

      - C’est vraiment beau chez toi.

      - Merci ! En fait, c’est mes parents qui m’ont légué cette maison.

Gabriel ouvrit la porte et l’emmena dans une pièce se situant au centre de la maison. Le jeune peintre pouvait voir des dizaines de papillons. Ils étaient en quelque sorte…plastifiés. C’était dur à décrire.

      - Wouaw ! s’exclama Samuel, s’approchant d’une vitrine où était exposé un papillon bleu et noir. C’est lui que je veux peindre !

Gabriel se mit à rire, amusé par l’attitude de son nouvel ami.

      - Je t’en prie.

      - Pourquoi tu ris comme ça ? C’est pas bien de se moquer de moi.

Samuel prit un air boudeur. Avec sa mèche qui lui retombait invariablement sur l’œil gauche, Gabriel le trouvait vraiment mignon.

      - C’est toi qui me fais rire. On aurait dit un gamin trouvant un jouet par terre et décrétant que, désormais, il lui appartenait.

      - Mais c’est mon nouveau jouet ! déclara Samuel d’un air faussement outré.

Gabriel rigola encore plus fort.

      - Je te laisse. Je vais faire à manger. Ca t’intéresse ?

      - Oh que oui !

Le blond partit, le sourire aux lèvres. Samuel quand à lui sortit une feuille de papier et sa peinture, et se mit à faire des tests pour savoir quelle couleur imiterait à la perfection celle du papillon sans pour autant faire tâche sur le tableau. Sans s’en rendre compte, il passa environ deux heures à peindre ces fameux papillons. Difficile de peindre une chose animée alors que son modèle ne l’était pas.

Il sursauta en sentant quelque chose caresser sa nuque. Heureusement qu’il avait mis le pinceau de côté quelques secondes avant. Il se retourna et fixa Gabriel, essayant tant bien que mal de ne pas rougir.

Publié dans : Oneshots - Par Raewon
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