Il était à 2 doigts de toucher les lèvres de Takumi lorsque celui-ci ouvrit les yeux en gémissant. Il voulut porter une main à sa tête mais vit qu’on l’en empêchait.

-   Je savais que tu ne résisterais pas à l’envie de me chevaucher, ricana t-il. Mais bon, je préfèrerai le contraire. Pas que j’aurais pas envie de te prendre mais ce serait pas pratique pour t’embrasser.

Christopher rougit légèrement et se leva à toute vitesse.

-     Prends pas tes rêves pour la réalité. Bon allez, bouge tes fesses. On a un morceau à apprendre.

-    J’te rappelle que c’est toi qui a encore tenté de me tuer. 2 tentatives de meurtre en 20 minutes, c’est fort quand même.

-    Si t’arrêtais trente secondes de me faire chier, je l’aurais sans doute tenté qu’une seule fois.

-  Bon, c’est pas bientôt fini là ! cria le professeur. Takumi arrête ça. Si tu veux une troisième tentative, c’est le meilleur moyen ! Et Christopher, essaie de te contenir. T’es mal barré avec lui si tu essaies de le tuer à chaque fois qu’il critiquera ton corps. Alors pour l’amour de Dieu, rhabille-toi et partons à l’hôpital. Faut recoudre ta blessure Takumi.

-    Oui parrain adoré.

Christopher agrandit les yeux de surprise. Il avait bien entendu ?

-    J’t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça ici Tak’ !

-    Je peux pas me retenir parrain de mon cœur, se moqua Takumi.

-    Tsssss ! Allez, allons-y.

-     Hein ? Je viens aussi ? demanda Chris.

-    Bah bien sûr. Tu crois quoi ? Je t’ai déjà dit. Lorsque tu fais une bêtise…

-     Je me dois de la réparer. Oui je sais, soupira Christopher.

-   J’ai une idée parrain chéri ! Et si Christopher m’emmenait à l’hôpital ? De 1, il paiera ainsi les frais hospitaliers et pour faire la paix, je l’inviterai à manger chinois. Qu’est-ce que t’en dis Christopher ?

Christopher le regarda d’un air suspicieux. Pourquoi voulait-il l’inviter à manger ? Ses doutes s’envolèrent aussitôt qu’il vit le sourire de Takumi.

-  Après tout, pensa t-il, un sourire aussi beau et sincère ne peut pas être feint. Il est nettement plus beau et agréable lorsqu’il fait pas sa peau de vache.

Il hésita une dernière fois puis accepta la proposition. En plus, il allait manger chinois. Le pied ! Ca faisait trop longtemps qu’il en avait envie et Takumi le lui proposait à la période où son envie était à son zénith. En y pensant, il ne put s’empêcher d’envoyer un sourire chaleureux à Takumi.

-    Bon ! On y va ?

-     Eh ben, si j’avais su que ça te ferais autant d’effet.

Christopher ignora sa dernière remarque et se mit à marcher. Il avait trop besoin de cette nourriture. C’était son déstressant. Sa drogue à lui.

Takumi allait lui emboîter le pas quand son parrain l’arrêta.

-    T’avais pas dit que vous ne feriez que répéter ?

-    Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Et puis, ajouta t-il, il est canon quand même.

-   Te moques pas trop de lui quand même ! lui cria le professeur avant que Takumi ne passe la porte.

Takumi courut afin de rattraper Christopher. Malgré le fait que ce dernier ait failli le tuer 2 fois, Takumi sentait que Christopher pouvait être vraiment doux. Il avait aussi envie de voir cette partie de lui mais l’aura que dégage le violoniste lorsqu’on le pousse à bout est tellement… époustouflante. Un tas de petits changements s’opéraient. Un tas de petits changements que seul Takumi repérait s’opéraient. Son visage se durcissait et il pinçait légèrement ses lèvres. Ses yeux se rétrécissaient de quelques millimètres et leur couleur fonçait, prenant une teinte métallique. C’était comme si une tempête se déchaînait dans son regard. Et sa voix…Oh mon Dieu, sa voix ! Elle devenait tellement…rauque…suave…sensuelle.

Ces changements étaient tellement érotiques que Takumi avait tout fait pour l’énerver une seconde fois. Bon d’accord, il avait été trop loin mais il n’avait pas pu s’en empêcher. A chaque fois que la colère de Christopher montait d’un cran, ces changements s’accentuaient, encore et encore. Takumi avait voulu voir à quel point ces changements pouvaient s’opérer.

-    Fais chier, soupira Takumi. Je m’étais promis de plus craquer aussi vite pour un mec. J’ai pas envie d’être détruit une seconde fois.

Il y a à peine 2 semaines, il avait mis fin à une relation de bientôt 10 mois. Il avait attendu plus de 6 mois que son copain accepte son homosexualité et veuille bien le voir en public. Il n’avait pas voulu en attendre 6 de plus pour entendre trois petits mots. Mots que lui répétaient sans cesse durant leur acte d’amour.

Il y a 2 mois, il avait posé un ultimatum à son premier vrai amour. Soit il avouait ses sentiments, peu importe la manière, soit Takumi le quittait… Il en avait morflé pendant 1 mois et demi. Et les deux dernières semaines de l’ultimatum, il avait décidé de changer de vie. Il s’était teint les cheveux en rose, symbole de son ancien amour qu’il avait vécu, et avait demandé à sa mère de le changer de lycée. En apparence, tout allait pour le mieux, mais au plus profond de lui, il souffrait encore horriblement.

-    Bon, tu magnes tes fesses ! lui cria Chris. J’ai faim !

-    Moi qui croyais que tu me le disais parce que tu te préoccupais de moi, c’est raté.

-    Prends pas tes rêves pour la réalité cheveux roses !

Takumi accéléra le pas et se mit à marcher joyeusement à côté de Christopher. Sans qu’il sache pourquoi, la présence de Christopher le rassérénait.

-   Sans doute parce qu’il est tout le contraire de Calvin, pensa Takumi. Hé ! Pourquoi je me remets à penser à lui tout à coup.

Pour changer de pensée, il dit à Chris en lui tirant la langue : le dernier ayant traversé la rue paiera le repas !

Christopher le regarda en plissant légèrement les yeux et se mit à courir comme un dératé. Et puis quoi encore ? Il n’allait sûrement pas payé. Un mois qu’il n’avait pas mangé chinois. Il allait se faire un plaisir de manger autant que son ventre le permettait. Malheureusement pour lui, Takumi était plus rapide que lui et il se retrouva vite largué.

-   Cherche pas ! cria Takumi, s’arrêtant en plein milieu de la rue. T’as aucune chance contre moi ! J’ai fait de l’athlétisme pendant plusieurs mois. D’ailleurs, c’est là que…

Il arrêta brusquement de parler, se rendant compte qu’il allait parler du plus grand amour de sa vie à quelqu’un qu’il connaissait à peine. Pourquoi n’arrêtait-il pas de penser à lui aujourd’hui ? Pourquoi ?

-   Peut-être parce qu’aujourd’hui aurait été le 365^ème jour de votre relation, lui souffla discrètement une voix à l’intérieur de lui.

C’est ainsi que plongé dans ses pensées, il ne vit pas la voiture qui arrivait vers lui.